Éditeur : Capcom
Année : 1987
Support : Arcade
1987 est une année connu pour voir débarquer des monuments du jeu vidéo, on citera Metal Gear, Maniac Mansion, Megaman, Rastan, R-Type par exemple. Un genre débarque dans les salles pour s'imposer pendant quelques années, le beat them up.
Double Dragon débarque et casse le marché de l'arcade tout simplement. Technos sort un hit planétaire qui se verra porté sur toutes les consoles. Capcom décide de son côté "d'innover" en se lançant dans un genre particulier puisque très peu mature, le Versus Fighting avec Street Figher. Tout le monde connait Street Fighter 2 bien sur, mais ce sera quelques années plus tard, ici on parle du tout premier, et comme dit plus haut, ce n'est pas encore mature, mure, c'est donc assez effroyable en terme de qualité.
Pourtant nous sommes en Arcade, donc pas de limitation quelconque lié à un système, ici on donc un système avec un bon vieux 68000, ce qui reste le top de l'époque, on le trouve dans la Megadrive, Amiga 500 et autre NeoGeo à des fréquences variables. Techniquement cela reste donc au dessus des titres ayant lancé le genre, Karate Champ, Yie Ar Kung Fu et The Way of the Exploding Fist, mais on peut dire que Street Fighter leur a juste tout prit, bon, Street Fighter à ajouter les coups spéciaux d'accord. Et sinon ?
Graphiquement c'est plus pas mal pour l'époque, malgré une animation loin d'être fluide, les décors et les personnages sont détaillées, les coups spéciaux relativement bien rendus, même s'il manque des étapes d'animation dans tout ça, cela impacte donc d'autre aspect comme la jouabilité et la difficulté, on y reviendra plus tard. Deux développeurs cultes sont derrière ce jeu, Takashi Nishima et Hiroshi Mastumoto, une fois ce jeu terminé, ils sont d'ailleurs partis de chez Capcom pour rejoindre SNK ... et créer Fatal Fury et Art Of Fighting, dont certains personnages puiseront leur inspiration dans Street Fighter bien entendu.
Capcom s'étant bien inspiré des multiples combattants du monde entier que l'on retrouve dans Yie Ar Kung Fu, des duels avec temps limité et barre de vie. Tout ce qui fait un Versus Fighting [ou Fighting Game aux US]. On retrouve aussi l'inspiration d'un titre moins connu, Shangai Kid et ses combats [dans un ring] contre des combattants du monde entier avec un character design "plus moderne" que celui de Yie Ar Kunf Fu, nous sommes pourtant en 1985. Ici le mode 2 joueurs rejoint l'idée de Karate Champ [et de ses suites], un combat un contre un, ici contre Ken, notre meilleur ami / rival.
La partie sonore est vraiment faible ... les musiques sont abjectes, les bruitages du même calibre. On a bien compris que Capcom a tout mis dans le graphisme et que les 2 têtes pensantes derrières ce jeu ne sont pas musiciens tellement cela passe en second plan d'un titre qui a très peu de premier plan. Plouf.
L'une des choses qui sont pas trop mal fichues dans Street Fighter c'est la mise en place de la garde "en arrière", même si cela joue des tours parfois, on peut se protéger, ce qui n'est pas forcément le cas dans les jeux de l'époque, un bon point malgré tout donc, même si cela reste faible et ne rend pas le jeu agréable et correct pour autant. Les sauts sont mauvais, hasardeux, ceux des adversaires également, mais eux cela ne les dérange pas le moins du monde. La plupart des coups intéressants, donc spéciaux, n'ont qu'une ou deux étapes d'animation, ce qui rend l'action brouillonne à souhait. Souvent imparable, ces coups détruisent la moitié de votre barre de vie en une fois ... Forcement, il devient difficile de s'en sortir. Par chance, Ryu a une arme secrète, enfin 3 : Hadoken, Shiryuken et Tatsumaki, le trio infernale qui, quand vous arriverez à les sortir, avaleront également la moitié de la barre de vie de vos adversaires. Cependant, là où Street Fighter 2 sera d'une précision et d'un timing parfait, ici c'est n'importe quoi, cela sort quand ça veut, on ne maitrise pas vraiment cet aspect, quel gâchis.
Un tournoi à travers les 5 continents pour prouver que son art martial est le plus fort ...voilà, le même que Yie Ar Kung Fu et bien d'autre par la suite. Pas de scénario donc à proprement dit, juste un voyage de la castagne. On retrouvera donc un grand nombre d'adversaire, douze, c'est vraiment dommage que le mode 2 joueurs n'introduise pas tout ce petit monde, mais on les retrouvera plus tard, dans la série Street Fighter Zero principalement.
Anecdotes :
- Street Fighter est sorti dans les salles en 2 versions, l'une avec un panel classique, 6 boutons par joueur et une seconde, avec des boutons pneumatiques qui selon la pression active un coup plus ou moins puissant à l'écran. Révolutionnaire ? Pas vraiment, de plus ces bornes ont été massacrées par les joueurs, Capcom les a donc purement et simplement retirées du marché. Objet de collection rare en vue.
- Le jeu a été porté sur moults plateformes, principalement sur micro ordinateurs d'ailleurs. L'unique version console est la plus fidèle de toute, à savoir sur NEC PC Engine CD / Turbografx 16 CD. Quelques exemples ci dessous.
- Street Fighter connu plusieurs suites, si si. Plus sérieusement, en 1991, Street Fighter 2 marquera un tournant dans le jeu vidéo, le Versus Fighting gagnant ces lettres de noblesse et ringardisant le reste du monde.
- De nombreux personnages de Street Fighter ont été repris dans la saga. Evidemment, Sagat, boss de ce premier opus, et de retour dés le second. Idem pour Mike, ou M.Bison dans Street Fighter 2. Il aura fallu attendre plus longtemps pour retrouver Gen, Birdie, Adon, la sortie Street Fighter Zero permettant de réhabiliter tout ce petit monde dans une version "moderne" de la licence.
Verdict :
Oui, ce jeu est nul, malgré tout, il est le début de l'une des plus grandes saga vidéoludique et de la référence absolu en terme de Versus Fighting encore aujourd'hui. Comme quoi, on peut avoir des parents moches, bêtes et mal fichu et avoir des enfants géniaux et révolutionnant leur génération. On oublie vite ce genre d'ancêtre, ce n'est pas une mauvaise chose ... Personnellement, j'ai du terminer le jeu pour faire des captures, et cela n'a pas été une partie de plaisir, bien au contraire.
LENNY
